mercredi 15 septembre 2010

Faith No More - King for a day, fool for a lifetime (1995)

Cinquième et avant dernier album de Faith No More, « King for a day, fool for a lifetime » constitue l’apogée artistique de ce groupe inclassable qui, à force de chercher sa source d’inspiration dans une telle variété de genre musicaux avait réussi à se constituer un vaste public très diversifié, réunissant notamment les amateurs de métal et de rock alternatif (l’expression « métal alternatif » n’existait pas encore vraiment à l’époque).

On pourrait même classer les plages de l’album en différents petits sous-groupe. « Get Out » et « Digging the grave » font dans le heavy speedé efficace et relativement classique, tandis que « Gentle art of making enemies », « Cuckoo for caca », « Ugly in the morning » et « What a day » annoncent clairement l’avènement du néo-métal qui explosera commercialement dans les années qui vont suivre (Korn, System of a down, Deftones…). A cela il faut ajouter « Evidence », « Soul A.D. », « Take this bootle », « Just a man » qui lorgnent vers la soul et une tonalité plus « groovy » et « The last to know » et « Ricochet » qui donnent dans le métal harmonique lent. Voilà de quoi donner une image plus ou moins complète de la richesse d’un album qui, bien que partant dans tous les sens, s’avère d’une cohérence exemplaire. Rien à jeter dans ce disque.

Ma note : 18/20


Siouxsie and the Banshees - Juju (1981)

Siouxsie and the Banshees, groupe culte de la scène gothique livrait en 1981 un album délicieusement dansant. Tout en gardant ses spécificités proprement gothique (basse lourde, chant théâtralisé et résonnant) la groupe signait un grand album aux influences extrêmement variées. Le masque africain sur la couverture mentionne à sa manière la présence particulièrement remarquable des percussions. A cela il faut ajouter la guitare de John McGeoch aux gimmicks et riffs souvent originaux et l’intrusion fréquente d’harmonies plus exotiques, arabisantes ou asiatiques. Un curieux mélange post-punk-new wave-gothique, bon témoin de l’exubérance effervescente de la musique rock du début des années 80.

Ma note : 18/20


Pixies - Bossanova (1990)

Cela devait être en 1991 ou 1992, je découvrais le rock avec Nirvana et Pearl Jam. Petit à petit, j’apprenais aussi à connaître ceux qui étaient cité comme les précurseurs de la vague « Grunge » : Sonic Youth et bien sûr les Pixies. Quel choc mes amis… J’avais commencé par Bossanova, leur troisième album, le seul trouvé à la médiathèque où j’allais. La pochette était belle, le contenu hallucinant : des guitares extra-terrestres, entre le punk et la guitare surf, un chanteur hallucinant capable de jouer sur tous les registres vocaux, une puissance mélodique alliée à une énergie typiquement rock. Ahhh la violence de « Rock Music », les chœurs de « Velouria », la nonchalance de « Is she weird », la rapidité de « Allison », le nostalgique « Ana », les fulgurances soniques du refrain de « All over the world », les changements de rythmes de « Stormy Weather »… et j’en passe. Cet album est un chef d’œuvre absolu, chaque chanson est devenue pour moi un classique intemporel, un petit univers en soi. Difficile de distinguer une chanson préférée dans cette collection ultime… « The happening » peut-être tant elle marie en son sein toute la violence et la douceur dont était capable le groupe. Un disque parfait, dont il m’est impossible d’arrêter l’audition une fois lancé. Les trois autres albums des Pixies sont aussi des chefs d’œuvre, mais j’ai gardé une préférence pour celui-ci.

Ma note : 20/20

mercredi 1 septembre 2010

Ani Difranco - Dilate (1996)

D'Ani Difranco, je ne sais pas grand chose. Si ce n'est que cette folkeuse intimiste est une figure importante de l'underground américain et qu'elle a déjà une belle discographie derrière elle. L'album qui nous intéresse ici date de 1996 et est sorti sur son propre label "Righteous Babe Records".

A la première écoute, il est possible que le timbre d'Ani vous évoque Alanis Morissette, cette chanteuse canadienne, grosse vendeuse de disques dans les années 90. Cette ressemblance n'est que superficielle, la production d'Ani Difranco est non seulement plus originale, mais aussi d'un genre et d'un acabit, à mon sens, bien différents.


Songwriteuse douée, Ani Difranco ne s'embarrasse pas de fioriture inutile, à l'instar de la PJ Harvey des débuts, elle aime le côté sec et brut de la guitare acoustique jouée alternativement avec douceur et rage. Elle use de la même manière de sa voix, tantôt mélodieuse et douce, tantôt pleine de cette rage sincère avec laquelle on fait les meilleurs disques de rock.


"Dilate" et "Napoleon" sont peut-être les plus beaux titres de l'album. Surtout ce dernier avec son riff d'intro tout en retenue et changements de rythmes. "Amazing Grace" et "Going Down" ne sont pas en reste et évoqueraient presque le trip hop contemporain. Le couplet de "Shameless" jouit d'une pulsation irrésistible, de celle qui vous donne envie de remuer le popotin.Tandis que le beau et risqué "Adam et Eve" tend vers l'épure. Le fabuleux "Joyful Girl", d'une tristesse détachée clot l'album de la plus belle manière qui soit. Un album parfait et méconnu.



Les - :
- On est en droit de trouver cela un peu trop "affecté". C'est de la folk à fleur de peau, faites avec les tripes sur la table et selon l'humeur du moment, on peut trouver que les tripes sur la table, cela fait un peu désordre.
- Les similitudes du timbre de la voix d'Ani Difranco avec celui d'Alanis Morissette peut gêner à la première écoute, surtout si, comme moi, on aime pas Alanis Morissette. Mais très vite on s'y fait et on oublie cette ressemblance fortuite.


Les + :
- Un songwriting d'exception.
- Des trouvailles rythmiques géniales, notament dans la manière d'utiliser la guitare de manière parfois très "percussive".

Ma note : 19/20

Tricky - Maxinquaye (1995)

Voilà un disque qui reste, non seulement un des plus grands disques de ma jeunesse, mais une valeur sûre sur ma platine depuis plus de quinze ans. Pourtant à l'époque, il était difficile de penser que ce que certains présentaient comme une hype passagère (le trip-hop) laisserait dans l'histoire de la musique quelques galettes devenues depuis des classiques. Issu de Massive Attack, Tricky fournissait avec Maxinquaye, son premier album, une œuvre riche, réellement novatrice (à l'époque) et qui a eu une influence phénoménale sur beaucoup de musiciens qui ont suivis.

A l'exception de "Brand new you're retro" dans lequel il se moquait des Brand New Heavies, groupe de néo-funk-soul célèbre à l'époque et complètement oublié depuis, à juste titre), les douze titres de cet album adoptent des rythmes plutôt lents, suaves, presque cools, parsemés de trouvailles sonores souvent géniales. Tricky élève le sampling au rang d'art et peu feront aussi bien que lui. En témoigne "Hell is round the corner" où il utilise les mêmes samples que le célèbre Glory Box de Portishead mais pour en faire quelque chose de complètement différent, ou le déjà cité "Brand new you're retro" où il utilise quelques notes de Bad de Michael Jackson.



Quasiment tous les morceaux de l'album sont géniaux. Citons "Pumpkin", merveille de lenteur et de rondeur, un titre en apesanteur qui a du faire le nirvana de toute une génération de fumeurs d'herbe.

L'un des morceaux les plus originaux de l'album reste "Strugglin", complainte maladive au rythme lancinant mais aux sonorités dures ou évocatrices (une arme que l'on charge), sorte de marche funèbre où se mélangent les voix de Tricky et de sa chanteuse.


"Feed me" suit ce morceau brut de noirceur et vient clôturer l'album sur une note un peu plus légère et groovy.

Mais mon morceau préféré de tous reste "Black steel", une reprise de Public Enemy (dont Tricky était fan inconditionnel) très éloignée de la chanson originale, avec un refrain pop-rock irrésistible.




Mon verdict : 18/20


Un album indispensable, hype en 1995, devenu intemporel depuis.

mercredi 14 juillet 2010

The Horrors - Primary Colours (2009)

The Horrors est une de mes plus belles claques de l'année 2009. Et je ne suis pas loin de penser comme le NME qui a classé leur deuxième album à la première place de leur top annuel. Derrière une pochette qui aurait pu être celle d'un The Cure première période se cache un album certes passéiste, mais doublement inspiré. The Horrors recycle la cold wave du début des années 80 (Joy Division, The Cure, The sound), certes, comme beaucoup d'autres groupes actuels sont en train de la faire, mais ils ont mixé cela avec une autre influence, celle des groupes shoegaze plus tardifs (My bloody Valentine, Jesus and Mary Chain, Pale Saints...). Et le mélange de ces deux influences, qui ne fait à aucun moment "collage" est tout simplement divin. Ce qui frappe d'emblée c'est le son de la voix du chanteur, on pense irrémédiablement à Ian Curtis, mais en plus grave encore, un timbre dont la dextérité affichée mais jamais démonstrative en fait plus qu'un simple clone. D'autant qu'il a conservé ce petit ton dédaigneux hérité du punk.

Guitare planante, climat lourd et sombre, quasi gothique (car le groupe lorgne aussi du côté de Bauhaus), le son de l'album est juste magnifiquement tordu. Le travail sur son altération est tout simplement énorme, il rebutera les amateurs de sons précis et bien enregistrés, mais ravira ceux pour qui le rendu de la matière sonore est aussi important que la mélodie. Le mélange entre le synthé et les guitares, leur intégration en un flux bruitiste à la tonalité désabusée me transporte. Mais The horrors se n'est pas seulement un son! C'est aussi des chansons diablement bien composées. Alors que chez d'autres groupes qui pratiquent le revival new wave, on a droit qu'à du vernis tendance sur des chansons moyennes, ici, le songwriting est de très bonne qualité. Il n'y a rien à jeter dans cet album qui surnage réellement des coudées au-dessus de tout ce qui se fait en matière de revival 80's en ce moment.

Ma note : 18/20

The XX - The XX (2009)

Propulsé disque number one par les Inrocks, décrié par les uns comme un quasi imposture et encensé par d'autres de manière sans doute toute aussi démesurée, The XX aura beaucoup fait parler de lui en 2009. Je pense personnellement que The XX, on accroche directement au jamais. Pour ma part, à la première audition de Crystalised, cela a été la séduction immédiate. J'ai aimé directement le minimalisme presque radical de la chanson. Epure, le mot est lâché, XX ne fait pas dans la surcharge, leurs chansons sont presque à nu, sans maquillages ni fioritures. Il y a presque quelque chose d'impudique à écouter The XX, le groupe impose d'emblée une intimité presque gênante. Je comprend que cela puisse rebuter. Il se dégage de cette musique une sensualité et un spleen adolescent qui repousseront ceux qui trouveront cela trop affecté. Personnellement, j'ai beau avoir passé la trentaine, cette candeur m'a touché.

L'autre particularité musicale de The XX. c'est la mise en avant de la boite à rythme, considérée quasiment comme l'instrument primordial, alors que la guitare "presque facile" semble servir d'accompagnement. A écouter l'album attentivement, on est loin de la binarité décriée par certains. Les changements de rythmes, leurs superpositions relèvent d'une science quasi experte qui n'a rien à envier aux ténors de la musique électronique.

Si the XX est une vraie révélation, l'album n'est pas sans défaut pour autant. Le manque de diversité de ses chansons peut vite lasser. Comme si en un album le groupe avait déjà fait le tour des possibilités fournies par ses axiomes de départ. Du coup, même si j'ai beaucoup apprécié cet album, je vis dans la crainte que le groupe ne soit qu'un feu de paille, un deuxième album qui exploiterait exactement les mêmes possibilités pourrait déjà être l'album de trop. A l'inverse, un deuxième album qui lorgnerait vers un son plus étoffé, ferait perdre d'emblée ce qui fait la particularité de The XX et le transformerait en groupe banal. J'espère donc qu'une troisième voie existe, et que les membres de the XX auront l'intelligence de la trouver.

Ma note : 16/20

Les + :
- Un son épuré, intimiste unique qui ne ressemble à celui d'aucun autre groupe en particulier. Ce qui est rare pour un premier album.

Les - :
- "C'est quoi ces petits jeunets à peine sortis de l'adolescence et déjà prêts à se tirer une balle? Quelle apathie! Du nerf les gars! Vous avez encore quelques dizaines d'années à vivre!"
- "C'est un peu répétitif tout ça..."